Le démantèlement de la Jungle de Calais n’est-il pas le signe d’un immense fiasco ?
Jérôme Vignon. On ne peut pas parler de fiasco. L’État a aujourd’hui un projet et une stratégie pour Calais. L’évacuation du camp était annoncée. À partir de novembre 2014, lorsque, avec Jean Aribaud, nous avons commencé à travailler sur le rapport que nous avait commandé le ministère, l’attitude de l’État – qui était trop en retrait jusque-là – a changé. Il y a eu un effort systématique pour offrir l’asile en France, ce qui n’avait jamais été fait, même pour des personnes qui avaient pour seul but de se rendre en Angleterre. Un effort a été fait pour améliorer les conditions de premier accueil, avec la création du centre Jules-Ferry, afin de distribuer les repas et d’héberger les femmes seules avec enfants. La construction au sein du camp du centre d’accueil provisoire (CAP), constitué de conteneurs, a permis la mise à l’abri de nombreuses familles. Dans le même temps, pour désengorger la Jungle, une centaine de centres d’accueil et d’orientation (CAO) ont été créés un peu partout en France. Leur but ? Permettre à des personnes désorientées de prendre un peu de distance avec ces chaudrons que sont Calais ou Grande-Synthe, où s’exercent de nombreuses influences, afin de pouvoir réfléchir à la possibilité de demander l’asile en France. Près de 2500 personnes y ont déjà été accueillies. Enfin, parallèlement à ces efforts, le ministre de l’Intérieur a engagé une négociation systématique au sein de l’UE.
Article paru dans :
Conversation avec le pape